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Grande-Bretagne : le paysage politique chamboulé

Seulement 5 jours après que les britanniques se soient prononcés pour une sortie de l’Union européenne, la classe politique outre-manche est en plein bouleversement. Aussi bien du côté du parti travailliste que celui du parti conservateur, les conséquences du brexit pourraient être beaucoup plus rapides que prévues et surtout changer profondément le paysage politique de ces prochaines années.

Il y a pour le moment un parti qui tire son épingle du résultat et il s’agit de Ukip, formation d’extrême droite xénophobe et europhobe qui a fait activement campagne pour une sortie. Nigel Farage, le leader du parti, a d’ailleurs senti des ailes lui pousser en appelant à la démission dès vendredi matin du Premier ministre puis du chef de file de l’opposition Jeremy Corbyn. Les récents évènements semblent aller dans son sens et laissent entrevoir une refonte totale des partis.

 Les Tories croient à une remise en selle rapide

Quelques heures après les annonces du résultat, David Cameron prenait la parole depuis le 10 Downing street pour annoncer sa démission, effective dans quelques mois. Le Premier ministre britannique s’est retrouvé dépassé par un scrutin qu’il avait appelé de ses vœux et un résultat montrant la position de la population sur la question européenne.

David Cameron et Boris Johnson, aujourd'hui rivaux. PA

David Cameron et Boris Johnson, aujourd’hui rivaux. PA

Il faudra maintenant que le Parti conservateur se remette vite en selle alors que la formation était fortement divisée sur le brexit. Boris Johnson, ténor du parti, avait ainsi pris position et fait campagne pour une sortie de l’UE et il est aujourd’hui pour beaucoup un possible remplaçant de David Cameron. Voulu par le Parti conservateur pour attirer vers lui l’électorat du UKIP lors des législatives de 2015, le référendum s’est révélé être un catalyseur des attentes des sympathisants du parti. En octobre prochain, on connaîtra enfin le nom de celui ou celle qui reprendra la main et qui, en plus de sa fonction de Premier ministre devra unifier son parti.

Le Labour au bord de l’implosion

Le « shadow cabinet », cette instance qui n’a pas d’équivalent en France, voit en effet depuis ces derniers jours de multiples démissions intervenir. Tout a débuté avec le limogeage d’Hillary Ben, qui occupait le poste de ministre des affaires étrangères du cabinet fantôme, qui a poussé près de la moitié du cabinet à menacer de démissionner. Après cet épisode, Jeremy Corbyn s’est empressé de nommer de nouvelles figures au poste, comme si quelque chose d’important n’était pas en train de se jouer à ce moment-là. Et la valse a effectivement commencé dimanche avec la démission d’Heidi Alexander, en charge des questions de santé au sein du cabinet fantôme avant de voir six autres  membres la suivre.

[C’est avec le cœur lourd que j’ai démissionné ce matin du cabinet fantôme]

Des membres influents du Labour ainsi que des députés du Parti commencent sérieusement à pousser Jeremy Corbyn vers la sortie. Selon eux, le chef du Parti qui s’est engagé contre une sortie de l’UE ne l’a pas fait avec assez de force et n’est pas suffisamment apparu sur les plateaux de télévision. Pour montrer à quel point la position du parti était confidentielle, on cite le chiffre de 45% qui correspondrait, selon un document interne au parti, au pourcentage de sympathisants qui ignoraient que la formation appelait à voter pour le « remain ».

Pour certains députés, le problème remonte à plus loin et le vote de jeudi n’a fait que mettre en lumière « un manque d’autorité ». Une motion de défiance envers Jeremy Corbin doit être présentée ce lundi et  pourrait éventuellement être votée et marquer encore un peu plus le climat d’incertitude qui règne dans les partis politiques britanniques.

L’UE s’impatiente

Alors que la Grande-Bretagne se remet difficilement du résultat de jeudi voire même que certains britanniques appellent à recommencer la consultation, les dirigeants européens commencent déjà à anticiper l’après. Le président français François Hollande a ainsi expliqué que la mise en action de l’article 50 du TFUE devait se faire rapidement, un appel soutenu par les autres pays fondateurs de l’Union. Angela Merkel s’est toutefois montrée plus réservée, plusieurs sources rapportent même que son chef de cabinet a rencontré plusieurs intermédiaires britanniques pour tenter de « trouver un terrain d’entente« .

Les dirigeants européens ont du mal à se mettre d'accord sur la marche à suivre. Hollande, Juncker et Merkel s'entretiennent à l'Elysée. SIPA

Le président Hollande, Juncker, chef de la Commission et la chancelière Merkel s’entretiennent à l’Elysée. /SIPA

L’Union européenne qui vient de perdre l’un de ses membres les plus importants économiquement cherche à tous prix à éviter un climat d’incertitudes installé sur la durée. L’UE souhaite que ce divorce qui « n’est pas à l’amiable » comme le soulignait Jean-Claude Juncker le président de la Commission, se fasse rapidement pour repartir de l’avant. Un nouveau départ qui pourrait être plus long et surtout plus difficile que prévu…

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