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En Turquie, le président Erdogan perd sa majorité absolue

Hier, dimanche 7 juin, avaient lieu en Turquie des élections pour renouveler le Parlement de 550 sièges. Le président Erdogan perd la majorité absolue tandis que le parti kurde enregistre une belle victoire.

C’est près de 53 millions d’électeurs turcs qui étaient appelés aux urnes hier pour renouveler les 550 sièges du Parlement turc. C’était un vote crucial pour le président Recep Tayyip Erdogan et pour l’avenir de la Turquie comme le souligne le politologue Sinan Ulgen du Centre d’Études des Affaires Économiques et Diplomatiques d’Istanbul : « L’issue de ce vote va probablement fixer les règles de la vie politique turque pour les années à venir ». Ce vote était surtout devenu un référendum sur la politique et la personne du président Erdogan. Le taux de participation est massif (85%).

Des peurs de fraudes

La société civile avait peur des manipulations et des fraudes. Par souci de transparence, des associations ont souhaité contrôler le processus électoral et le dépouillement des votes. Par exemple, l’Organisation Non Gouvernementale Oy ve otesi « Le vote et au-delà », créée en 2013 suite au mouvement de Gezi, a mobilisé des milliers d’observateurs bénévoles dans tout le pays pour contrôler le bon déroulement du processus électoral dans les bureaux de vote (120 000 bénévoles dans 45 provinces du pays). Le parti du président au pouvoir, l’AKP, avait même introduit un recours, qui a été refusé, auprès du Haut Conseil des élections pour limiter le nombre d’observateurs dans les bureaux de vote.
Le Haut Conseil des élections (composé de 81 membres) est l’organisme chargé de contrôler la régularité du scrutin et de valider les résultats.

Le président Recep Tayyip Erdogan perd sa majorité absolue

Ces élections législatives se sont transformées en camouflet pour le président Recep Tayyip Erdogan. Pour la première fois, l’AKP (Parti de la Justice et du Développement), au pouvoir depuis 2002, n’a pas obtenu la majorité absolue. Il recule dans toutes les provinces mais il arrive cependant en tête du scrutin national avec plus de 40% des suffrages mais seulement 259 sièges de députés. Le président va donc devoir former un gouvernement de coalition et il ne pourra certainement pas faire passer sa réforme de la Constitution (qui nécessitait 330 votes). Mais, il pourra convoquer des élections anticipées.
Ensuite le Parti Républicain du Peuple (CHP, social-démocrate) obtient 25% des voix (131 députés) alors que le Parti de l’Action Nationaliste (MHP, de droite) obtient 16,4% des voix (82 députés).

Belle victoire pour le parti kurde, HDP

Le parti pro-kurde HDP (Parti Démocratique du Peuple) envoie 79 députés au Parlement grâce à son score de 12,6%. Le leader du parti Selahattin Demirtas a réussi son ouverture au-delà de la seule communauté kurde comme il l’a souligné « Nous avons remporté une grande victoire (…) Ceux qui veulent la liberté, la démocratie et la paix ont gagné, ceux qui veulent l’autoritarisme, qui sont arrogants et qui se considèrent comme les seuls détenteurs de la Turquie ont perdu ». Surtout que de nombreuses violences ont visé le HDP (vendredi dernier l’attentat à la bombe à Diyarbakir lors d’un meeting du HDP a fait plus de 100 blessés et deux morts).

La perte de la majorité absolue pour Recep Tayyip Erdogan annonce la contestation, de la part des électeurs, du régime présidentiel que souhaite instaurer le président. La société civile a annoncé, à travers les urnes, son opposition à l’autoritarisme croissant du président Erdogan (président depuis août dernier après avoir été premier ministre de 2003 à 2014). Ce premier échec fait perdre à l’AKP une cinquantaine de sièges.

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